MATERIA
Mutations textiles et céramiques

Du 2 septembre au 18 décembre 2022

Une exposition collective proposée par Chantal Bellon, Jessica Mondego, Michèle Rochat et Clotilde Wuthrich.

 

Vernissage le jeudi 1er septembre 2022


MATERIA, mutations textiles et céramiques

Réunissant le travail de quinze artistes, l’exposition MATERIA, mutations textiles et céramiques présente des œuvres issues de la céramique et du textile mais aussi de l’installation, de la performance et de la photographie. Nous immergeant dans un monde façonné par la matière et la couleur, elle fait dialoguer des œuvres contemporaines avec celles d’une époque fondatrice dans l’histoire des arts décoratifs en Suisse.

 

Foisonnante et inclusive, MATERIA met en scène les porosités possibles entre les pratiques artistiques. Tout en rappelant la prédominance des femmes dans les arts dits autrefois mineurs, elle questionne les distinctions historiques entre beaux-arts, arts décoratifs et arts singuliers, entre objets utilitaires et non-utilitaires.

 

Proposée dans le cadre du 50ème Congrès de l’Académie internationale de la céramique, MATERIA s’inscrit parmi les nombreuses expositions satellites organisées en 2022 à Genève, Nyon, Neuchâtel ou Yverdon. Ici, cette exposition découle à l’évidence du lien désormais indéfectible existant entre La Ferme des Tilleuls et l’art de la céramique : en débutant dès 2020, et dans sa cour, l’édification du Colossal d’Art brut ORGANuGAMME II de Danielle Jacqui, La Ferme des Tilleuls a placé très clairement et à demeure les arts céramiques au cœur de ses activités.

 

MATERIA revient également sur un chapitre méconnu de l’histoire industrielle et artisanale de l’Ouest lausannois. Saviez-vous qu’en 1912 ouvrait dans l’actuel Hôtel de Ville de Chavannes-près-Renens la première école de céramique de Suisse romande ? C’est après avoir formé les mentors en la matière qu’elle déménageait à Vevey pour constituer l’actuelle section de céramique du CEPV, Centre d’enseignement professionnel de Vevey qui assure aujourd’hui la formation d’une relève affirmée, représentée par ailleurs dans l’exposition MATERIA.

 

 


Quinze artistes invité·e·s

Victor Ausländer
Victor Ausländer (1993) est titulaire d’un Bachelor en Beaux-Arts et Histoire de l’art de l’Université de Londres, Goldsmiths College (2015). Il termine actuellement un Master en philosophie à l’Université de Fribourg. Par la sculpture, le dessin et le texte, il traite de l’humanité dans la lutte constante que celle-ci oppose à la nature, affirmant ainsi sa différence en particulier par le biais du travail : la transformation de la matière selon sa volonté, à des fins d’abord utilitaires mais aussi esthétiques. Dans l’installation Cercle de cercles, créée pour l’exposition MATERIA, les textes inscrits sur les différents éléments de céramique racontent ce mouvement : à mesure que la nature est domestiquée par l’être humain, celui-ci contemple sa puissance créatrice, évinçant tout pouvoir divin.

 

Estelle Bourdet
Tisserande helvetico-suédoise, Estelle Bourdet (1990) s’intéresse à notre environnement domestique en explorant l’artisanat de la fabrication textile. Elle fait recours à des techniques de tissage analogiques et des motifs et dessins produits numériquement, favorisant des ressources durables et une production lente.
Ayant grandi dans un environnement alpin, l’artiste a décidé – pour l’installation Être tapis – présentée à La Ferme des Tilleuls, de collecter les cordes usagées d’un centre d’escalade. Leur réemploi dans la trame des tissages les font alors passer de leur fonction verticale à une nouvelle forme horizontale, posées au sol, au repos.

 

Édouard Chapallaz
Formé au métier de tourneur à l’École suisse de céramique de Chavannes-près-Renens (1936-1939) Édouard Chapallaz (1921-2016) s’engage dans l’industrie à Schaffhouse et à Zurich, se perfectionne auprès de Mario Mascarin, puis enseigne le tournage à l’École suisse de céramique. Installé dans sa maison de Duillier (VD), ses recherches tendent vers l’épure et il concentre son art et ses investigations sur la cuisson des grès à haute température. Il perfectionne ses émaux en développant de nouveaux procédés techniques de cuisson à l’électricité avec des hydrocarbures qui lui permettront d’obtenir ses célèbres émaux. Outre son travail sur le contenant céramique, Chapallaz réalise des œuvres murales comme celle de 22 mètres de long installée sur le campus de l’EPFL.

 

Aline Favre
Aline Favre (1932 – 2013) s’est formée à l’École des arts décoratifs de Genève (1949 – 1953) puis auprès de Mario Mascarin et Philippe Lambercy. Elle enseigne le dessin à l’École des Beaux-Arts (GE) de 1960 à 1965 puis la céramique à l’École des Arts décoratifs jusqu’en 1990. Membre de l’Académie internationale de céramique, elle pratique son métier à Jussy puis à Arare (GE) pour se fixer définitivement à Juriens (VD) où elle privilégie les échanges et les rencontres entre artistes. Elle abandonne après de nombreuses années de pratique sa production de céramique utilitaire et pousse très loin son expression libre et sa recherche formelle.

 

Laure Gonthier
Diplômée de la HEAD, Haute école d’art et de design de Genève (2011), Laure Gonthier (1983) vit et travaille à la Vallée de Joux (VD). Après des études de céramique, elle séjourne régulièrement en Chine entre 2004 et 2015 dans le but d’affiner ses connaissances techniques et de jeter des ponts entre tradition céramique et art contemporain. Dans l’exposition MATERIA, ses œuvres en céramique (certaines floquées) dialoguent avec le motif d’argile crue qui compose son papier peint ;  une manière de dévoiler une partie du long processus du travail solitaire de la céramique.

 

Christian Gonzenbach
Après des études de biologie, un diplôme à la Haute école d’arts appliqués de Genève* (1999), une année de céramique au Japon, un Master en Beaux-Arts au Chelsea College de Londres (2005) et une résidence au CERN (2009), Christian Gonzenbach (1975) enseigne actuellement la sculpture et la céramique à la HEAD, Haute école d’art et de design à Genève. Dans son travail artistique, il développe un espace d’expérimentation par lequel il questionne notre relation aux objets ordinaires auxquels il applique divers procédés de transformation pour questionner leur statut, leur valeur, leur fonction, leur existence-même.

* Son nom avant qu’elle ne fusionne avec l’École supérieure des Beaux-Arts pour devenir la HEAD.

 

Estelle Hanania
Active depuis le milieu des années 2000, la photographe Estelle Hanania (1980) a publié plusieurs ouvrages avec d’un côté une série de monographies comme Glacial Jubilé (2013) et Happy Purim (2015) consacrées à de grandes célébrations folkloriques masquées, et de l’autre des livres retraçant sa collaboration avec des artistes tel·le·s que Hoichi Okamoto (Dondoro, 2011) ou Gisèle Vienne (It’s Alive !, 2019). Mêlant réel et fiction, corps prosaïque et corps fantasmé, son travail se tourne sans cesse vers cette même idée de transcendance du quotidien par l’acte créatif, individuel autant que collectif. L’intérêt d’Estelle Hanania pour l’Art brut et les artistes invisibles ou sans étiquette l’a menée chez Danielle Jacqui à l’été 2020. Là, elle propose à l’artiste de documenter ses créations textiles sous la forme de photographies de mode, donnant lieu notamment à une publication dans le magazine de mode anglais More or Less.

 

Maya Hottarek
Maya Hottarek (1990) vit à Bienne et est détentrice d’un Master en Beaux-Arts de la Haute école d’art et de design de Bâle (2021). Dans ses installations immersives aux prises avec différents médias, elle s’intéresse aux interactions complexes entre l’individu, la société et l’économie, thématiques qu’elle cherche à relier à nos besoins fondamentaux, notamment en lien avec la nature. La gestion des ressources par nos sociétés contemporaines ou celle, par l’individu, de sa propre existence sont au cœur de sa pratique artistique.
L’installation Flow of the Universe présentée dans l’exposition MATERIA prend la forme d’une fontaine dont le flux fonctionne en circuit fermé. L’agrandissement d’un détail de l’œuvre pris par la photographe Joelle Neuenschwander montre l’infinité de détails se trouvant sur une petite surface de céramique émaillée.

 

Danielle Jacqui
A l’origine brocanteuse, fondatrice du Festival international d’art singulier d’Aubagne (Sud de la France), Danielle Jacqui (1934) est avant tout une artiste autodidacte. La peinture, l’écriture, la céramique et la création textile l’accompagnent depuis de nombreuses années. Sa maison de Roquevaire est connue loin à la ronde comme la Maison de Celle-qui-peint. Cet écrin à la façade entièrement recouverte d’œuvres renferme la collection de l’artiste tout en étant lui-même l’un des joyaux de sa carrière. Entre 2006 et 2014, Danielle Jacqui crée 4000 pièces-sculptures en céramique qui composent l’imposant Colossal d’Art Brut ORGANuGAMME II qui s’élève dans la cour de La Ferme des Tilleuls.
Sorties de leur garde-robe le temps de l’exposition MATERIA, les créations textiles de Danielle Jacqui révèlent elles aussi la créativité sans borne de l’artiste, son amour du plein et l’importance de la couleur qui traverse l’entier de son œuvre. Des objets du quotidien complètent l’installation pour finir de nous transporter dans la Maison de Celle-qui-peint, un environnement en constante mutation, emblème de l’art total de l’artiste.

 

Jeanne-Odette
Jeanne-Odette (1930) fait un apprentissage de commerce dans une entreprise horlogère. Parallèlement, elle suit des cours d’histoire de l’art, de céramique et de modelage et apprend, en autodidacte, l’art du tissage. Elle découvre l’art textile en 1953, lors d’un séjour chez Elsi Giauque, pionnière en Suisse. Fascinée par la métamorphose de la matière, Jeanne-Odette développe sa propre méthode de tissage. En 1954, elle épouse le peintre neuchâtelois Jean-Claude Évard, dit Claudévard. Après un voyage à Paris, tous deux s’installent au Cerneux-Péquignot (NE) dans une ferme qui devient leur lieu de vie et leur atelier. Le couple forme alors un duo d’artistes particulièrement florissant qui, à quatre mains, réalise une vingtaine de tapisseries monumentales. En parallèle, Jeanne-Odette ne cesse de poursuivre ses explorations personnelles dans le domaine des arts textiles tout en travaillant continuellement de nouveaux matériaux. Aujourd’hui, elle continue son travail de création dans son atelier au Cerneux-Péquignot.

 

Lucie Kohler
Lucie Kohler (1985) vit et travaille à Lutry (VD). Elle a obtenu en 2009 un Bachelor en arts visuels de la HEAD, Haute école d’art et de design de Genève, puis un Master en 2011 à l’École de recherche graphique de Bruxelles. Ses figurines en céramique émaillée sont des chimères mi-humaines mi-oiselles qui rappellent les Ouchebtis de l’Égypte antique. Ces statuettes funéraires étaient placées en grand nombre dans les tombes et devaient prendre la place du mort dans les travaux des champs de l’au-delà. Ces créatures sont aussi en quelque sorte chargées de protéger les êtres vivants une fois que la Terre n’existera plus.

 

Xénia Lucie Laffely
Détentrice d’un Master en Design mode/textile de la HEAD, Haute école d’art et de design de Genève, et d’un Certificat en études féministes de l’Université du Québec à Montréal, Xénia Lucie Laffely (1987) vit et travaille entre Lausanne et Montréal. Depuis 2012, elle développe un travail basé principalement sur l’art textile, médium dont elle questionne la dimension genrée, ainsi que les frontières et hiérarchies entre art, design et artisanat ou encore entre concept et matière.
À travers une approche figurative, elle explore des thématiques telles que l’autofiction, l’espace domestique, les désirs et l’amour queer en invoquant des généalogies lesbiennes et féministes. Par de constants allers-retours entre techniques digitales et savoir-faire traditionnels, elle crée des peintures digitales qui sont à la fois familières, sentimentales et dérangeantes. Après les avoir imprimées sur différents textiles, elle les travaille à la main en utilisant des techniques de patchwork, de matelassage (quilting) et de broderie.

 
Philippe Lambercy
Après un apprentissage de mouleur-décorateur à l’École suisse de céramique de Chavannes-près-Renens (1936 à 1939), Philippe Lambercy (1919 – 2006) se détache rapidement de la fonction utilitaire de la céramique pour se consacrer à l’expression libre de son art. Il reste néanmoins actif dans l’industrie en Suisse alémanique où il travaille aux côtés de Mario Mascarin et d’Édouard Chapallaz. Il poursuit sa formation artistique dans les écoles des Arts et Métiers de Zurich et Bâle. En charge de la section céramique à l’École des Arts décoratifs de Genève (1952 – 1979), à l’instar de Chapallaz, il poursuit inlassablement ses recherches dans la technique des émaux à très haute température et son expression plastique. Il réalise plusieurs œuvres liées à l’architecture ainsi que d’imposantes compositions murales. Dès 1957, son atelier est installé à Confignon (GE). Philippe Lambercy est le fondateur de la Communauté des Céramistes Suisses.

 

Julie Monot
Julie Monot (1978) est titulaire d’un Bachelor en Arts Visuels de la HEAD, Haute école d’art et de design de Genève, et d’un Master en Arts Visuels de l’ECAL, École cantonale d’art de Lausanne (2019). Elle concilie les médiums de la performance, de l’installation et de la vidéo dans une approche liée aux zones limites du corps et aux modes de représentation de celui-ci. Elle présente dans MATERIA deux œuvres : Armor Amor,  qui puise ses forces dans une animalité indéterminée avec son pelage de crin tubulaire qui raconte l’histoire de la pétrochimie et de l’industrialisation. Et Pierrot, une œuvre textile en laine réalisée à la main en utilisant la technique du point noué.Comme des costumes, les deux œuvres peuvent occasionnellement être activées par un corps.

 

Katia Zagoritis 
Katia Zagoritis (1987) est titulaire d’un CFC de céramiste du CEPV, Centre d’enseignement professionnel de Vevey. Le travail de la terre, cette matière vivante, lui permet d’exprimer ses émotions face à un monde qu’elle qualifie de désorienté voire de surréaliste.
Ses œuvres, qui mesurent jusqu’à 2 mètre de hauteur, sont exposées dans le jardin de La Ferme des Tilleuls. Elles représentent des expressions buccales de divers êtres formant comme une famille d’objets. La bouche est le premier organe qui nous permet de découvrir le monde et d’entrer en contact avec lui par l’alimentation, la respiration, le goût, la communication et le langage. C’est bel et bien elle qui nous permet aussi de crier ou de parler très fort pour manifester de la colère ou de la souffrance. C’est elle encore qui force au contraire à serrer les dents pour pouvoir supporter une grande douleur physique, mentale ou morale.

Katia Zagoritis présentera également « Marche blanche », une exposition parallèle qui se tiendra du 3 au 20 novembre 2022 au Caveau de La Ferme des Tilleuls.


Images

©Estelle Hanania, Craft Work, 2020, tirage argentique, Reportage photographique sur les créations textiles de Danielle Jacqui, 74 x 60 cm

Estelle Bourdet, Issei Poisson la Truite, 2021, fils de chaîne en coton torsadé et trame en lirettes de coton, 180 x 140 cm

Lucie Kohler, Ensemble de figurines, 2022, céramique émaillée, env. 15 cm de haut


Publication

A l’occasion de l’exposition MATERIA, un recueil de 15 cartes postales détachables est mis en vente sur place ainsi qu’à la boutique en ligne de La Ferme des Tilleuls.


50ème Congrès de l'AIC

MATERIA est proposée dans le cadre du 50ème Congrès de l’Académie internationale de la céramique; elle s’inscrit parmi les nombreuses expositions satellites organisées en 2022 à Genève, Nyon, Neuchâtel ou Yverdon.


Revue de presse


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