L’artiste Joškin Šiljan dessine sur tous les supports et tous les formats. Ses inventions instinctives bousculent par leur imaginaire et par la puissance de leur composition. La folle vitalité qui l’habite, trouve son origine dans un accident fantasque qui l’orienta vers une création libre de toute contrainte. Une conversion qui résonne aujourd’hui encore comme une deuxième vie.

Même si le travail de Joškin Šiljan est défendu avec enthousiasme depuis plusieurs années par le Musée d’Art NaÏf et Marginal de Jagodina en Serbie, les occasions d’exposer restent rares et difficiles. Par conséquent, « Écorceur de l’invisible » est la plus importante exposition monographique des oeuvres de l’artiste proposée jusqu’à aujourd’hui en dehors des Balkans.

On y découvrira la sélection d’une centaine d’oeuvres, effectuée par les commissaires Mario Del Curto, Bastien Genoux et Denis Martin. Rencontré en 2015 dans une Serbie en pleine transition – chaotique et effervescente – Joškin Šiljan a convaincu les commissaires avec un travail inspiré autant par des mythes archaïques que par la réalité contemporaine. « Ecorceur de l’invisible » s’inscrit par ailleurs dans la continuité de la thématique « Sève », développée tout au long de l’année 2019 à la Ferme des Tilleuls.

« Écorceur de l’invisible » fera suite à un mois de résidence de l’artiste à La Ferme des Tilleuls. Durant tout le mois de novembre 2019, Joškin Šiljan proposera des ateliers de création aux écoles de Renens. Le fruit de ces ateliers fera l’objet d’une exposition, « L’expo des enfants », qui sera présentée au Café des Tilleuls du 5 au 15 décembre 2019.

Joškin Šiljan réalisera également une fresque monumentale et participative sur un des murs de la Ferme des Tilleuls. Celle-ci prendra forme durant deux journées, les 2 et 16 novembre 2019. Cette fresque, qui fera partie intégrante de « Écorceur de l’invisible » sera conservée au-delà du temps de l’exposition.

Né en 1953 à Pirot en Serbie, Joškin Šiljan passe son enfance dans les paysages montagneux qui le ressourcent encore aujourd’hui. Elève brillant, les portes des facultés de mathématique, d’économie et de construction lui sont ouvertes. Il s’oriente un peu par hasard dans une carrière d’ingénieur civil et travaille à la réalisation de projets tels qu’un aérodrome, des tunnels, des routes et un barrage.

En 1980, il rencontre sa future épouse avec laquelle il aura un fils sept ans plus tard. A l’annonce de cette naissance, il fête cet événement avec enthousiasme et excès dans un bar. Une bagarre finit par éclater, il tente de donner un coup de poing à son ami, mais son poing brise une vitre qui sectionne l’artère de son bras. Il doit partir d’urgence à l’hôpital de Belgrade. Pendant le trajet, il se voit mourir.

Une longue période de rééducation du bras et des doigts le mène à redécouvrir les joies du dessin. Ce fut un moment charnière pour lui et une vie tout à fait nouvelle débute. Avec la naissance de son fils, il ressent le besoin d’établir avec lui une relation à travers le jeu. Il invente des jeux de rôles qui deviennent réels. Dès lors, il commence à travailler avec les enfants et étend ses jeux sous forme d’ateliers scolaires.

Vivant et travaillant aujourd’hui à Grdelica dans un ancien cinéma reconverti en centre culturel, il poursuit une oeuvre graphique monumentale et puissante. Il y a installé son atelier dans lequel il crée d’innombrables peintures et dessins sur tous les supports, y compris sur les murs environnants.

Le centre culturel Grdelica est un vaste espace que Joškin Šiljan a petit à petit colonisé, avec ses peintures qu’il entrepose un peu partout. Cette émancipation n’épargne pas les murs de la cour qui sont entièrement recouverts d’une immense fresque peinte notamment avec les jeunes qui fréquentent le lieu. Aujourd’hui, le maire du village tolère sa présence et est plutôt bienveillant quant à la présence de l’artiste dans les lieux. Il se pourrait cependant que cette situation ne dure pas. C’est la raison pour laquelle Joškin Šiljan organise une progressive délocalisation de son atelier vers une petite maison de la périphérie, qu’il retape depuis plusieurs années.

La publication Sève 2019-2020 présente de nombreuses illustrations de l’exposition. En vente à La Ferme des Tilleuls ou sur la boutique en ligne.