
Visite guidée
« Pulpattack » avec un·e guide de La Ferme des Tilleuls
23.02 / 14h30 - 15h30
©Anoush Abrar
Henry Meyer (né en 1952 à Lausanne) est, dans l’ordre, dessinateur, graveur, sculpteur et peintre. En 1974, il entre au Collège de ’Pataphysique et sort de l’école des Beaux-Arts de Lausanne l’année suivante pour se consacrer pleinement à son travail marqué par le surréalisme, l’expressionnisme allemand, les arts populaires, bruts et extra-européens, et, surtout, l’urgence de FAIRE. (« Faire ailleurs est un beau métier » était un de ses proverbes à usage intime.). Pages de vieux livres, cartons, meubles de rebut et tous autres « déchets » sont pour lui les supports d’un jeu d’interprétations toujours renouvelé dans lequel la couleur joue un rôle variable selon les périodes. Le moteur de l’œuvre de Henry Meyer, sans étiquette, est sans doute l’insatisfaction. Il répète un geste, un motif, un thème jusqu’à ce qu’il sente avoir épuisé ses possibilités. Ce qui le conduit parfois à produire un grand nombre d’œuvres voisines ou cousines sans que l’idée de « séries » ait présidé à leur création.
Cette exposition – voulue et réalisée par sa fille Berivan Meyer – présente des créations de l’artiste entre 1998 et 2008, date à laquelle il a cessé de produire pour passer à l’écriture de Romans PeuPoliciers. Ces œuvres qui, pour beaucoup, n’ont jamais été montrées déploient l’éventail de sa démarche créative. Que ce soit avec ses peintures, ses gravures, ses assemblages ou le papier-mâché, ce virtuose du recyclage plonge le public dans un univers où l’absurde, la métamorphose et le rêve se mêlent pour offrir une expérience où chaque œuvre est une invitation à faire un pas de côté par rapport à une trop étroite «réalité ».
©Anoush Abrar
©Anoush Abrar
©Anoush Abrar
©Anoush Abrar
©Anoush Abrar
Après ses études secondaires, Henry Meyer entre à l’École cantonale des Beaux-Arts de Lausanne où il obtient en 1975 un diplôme d’études artistiques générales qui le destine à l’enseignement, une activité rapidement abandonnée au profit exclusif de l’approfondissement d’un travail personnel, exposé pour la première fois en 1982.
De 1977 à 1987, il livre régulièrement des illustrations et des dessins de presse à la Tribune de Lausanne, à l’Hebdo, ainsi qu’à diverses feuilles satiriques éphémères. S’il ne quitte guère sa ville natale, œuvrant sans relâche dans un atelier surpeuplé par les matérialisations de ses visions d’anachorète érudit et loufoque, ce sédentaire invétéré est par contre, en art comme en littérature, un grand explorateur de marges, de périphéries et de territoires confidentiels.
Dès ses débuts, l’artiste adopte, par goût autant que par nécessité, un matériau de récupération dénué de prestige: le papier mâché. Cette pâte originelle, traditionnellement associée aux bricolages de l’enfance ou à l’art populaire, lui sert à façonner un monde à sa fantaisie, qu’il bariole ensuite outrageusement. Défile un cortège carnavalesque de figures improbables et truculentes, fourmillant de symboles et d’allusions mythologiques, où perce souvent, à travers l’humour et la provocation, l’angoisse existentielle du bouffon démiurge.
Dès les années 1980, le rédempteur de déchets, mi-sculpteur, mi-peintre, intègre à ses modelages divers objets de rebut ironiquement détournés dans des compositions qu’unifie la couche picturale. Plus tard, le papier mâché n’intervient plus qu’en petites touches dans des assemblages de formes découpées, de bois ou de carton marouflés. Avec l’évolution formelle, les sujets se diversifient. Aux personnages grotesques viennent s’ajouter saynètes malicieuses, totems de livres peints, paravents d’épouvante, athanors d’alchimistes, et autres inventions farfelues qui constituent un sarcastique théâtre de l’absurde et de la métamorphose.
Henry Meyer expose pour la dernière fois en 2007 et se détache petit à petit de la création artistique.